École inclusive : « Nous avons besoin d’un appui du secteur médico-social »

Publié le 27/08/2024.

À quelques jours de la rentrée scolaire du 2 septembre, la ministre démissionnaire de l’Éducation nationale a admis que « l’école seule ne pourra pas répondre » aux besoins des élèves handicapés. Elle mise notamment sur les futurs pôles d’appui à la scolarité pour associer davantage le secteur médico-social.

« L’école républicaine ne laisse personne au bord du chemin », y compris les enfants handicapés. Tel est le message qu’a porté la ministre démissionnaire de l’Éducation nationale qui, lors de la traditionnelle conférence de presse de rentrée scolaire du 27 août, n’a pas, contrairement à son prédécesseur, fait l’impasse sur le sujet du handicap.

Et alors que l’Unapei a relancé, comme chaque année, sa plateforme « marentree.org » sur laquelle les parents témoignent de leurs difficultés (voir encadré), Nicole Belloubet l’a admis : « l’école seule ne pourra pas répondre de façon optimale » à tous les enfants handicapés.

Pôles d’appui à la scolarité

C’est d’ailleurs le sens de la création des 100 pôles d’appui à la scolarité (PAS) qui vont se déployer, à titre expérimental, dans quatre départements. Ces dispositifs auxquels est associé le secteur médico-social doivent en effet « nous permettre d’apporter des améliorations à la prise en charge des enfants porteurs de handicap par une réponse plus rapide et plus efficiente » puisqu’il ne sera plus nécessaire d’attendre la notification de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) pour mettre en place de premiers aménagements, a-t-elle rappelé.

Reste que la création des PAS ayant été censurée par le Conseil constitutionnel, il faudra, pour les pérenniser « passer par des évolutions législatives qui sont d’ores et déjà préparées », a-t-elle admis. Une perspective qui peut interroger dans un contexte politique très incertain.

Dispositifs spécifiques

La ministre a aussi mis en avant la poursuite du déploiement de dispositifs spécifiques : on comptabilisera ainsi près de 11 000 unités localisés pour l’inclusion scolaire (Ulis) pour 119 000 élèves à la rentrée.

Pour les élèves souffrant d’un trouble neuro-développemental (TND), 62 classes ou dispositifs supplémentaires vont ouvrir leurs portes, dont 20 unités d’enseignement en maternelle autisme (UEMA), 11 unités dans l’élémentaire (UEEA) et 21 dispositifs d’auto-régulation (DAR).

En outre, la ministre n’a pas manqué de présenter le bilan chiffré de l’« École pour tous ». Au total, plus de 490 000 élèves handicapés seront accueillis en milieu ordinaire à la rentrée 2024, soit 170 000 de plus qu’en 2017.

Une forte augmentation qui tient au fait que « nous détectons mieux le handicap », a pointé Nicole Belloubet. En outre, « comme nous avons dit que nous accueillions tous les élèves, les familles [d’enfants handicapés] n’hésitent pas à venir vers nous ».

D’ailleurs, parmi les enfants accueillis à l’école, « plus de 24 000 sont en attente d’une place pour un établissement médico-social », a poursuivi la ministre, se félicitant de recevoir « tous les élèves », et respectant ainsi les « engagements » de la République.

AESH

Les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) seront d’ailleurs plus nombreux pour les soutenir : 3 000 postes en plus ont été prévus, hissant le nombre d’ETP à 88 500 (132 000 professionnels). Ces personnels vont ainsi soutenir, de façon individuelle ou collective, 320 000 élèves handicapés qui ont une notification de la MDPH.

Nicole Belloubet a aussi rappelé que les AESH allaient se voir proposer un avenant à leur contrat afin d’accompagner les élèves sur le temps de la pause méridienne.

Au-delà, « un plan métiers a été promis lors du dernier comité interministériel du handicap », a-t-elle rappelé, ajoutant, à l’adresse du prochain gouvernement : « C’est un travail à construire, un travail indispensable ».

L’Unapei déplore encore de nombreux enfants sans solution

S’il n’existe pas de données nationales objectivant le nombre d’enfants handicapés intellectuels n’ayant pas de solution scolaire à la rentrée, l’Unapei a mené, comme chaque année, son enquête auprès de son réseau. Il en ressort, par exemple, qu’au sein de l’Adapei Haute-Corse, aucun des enfants accompagnés n’a plus de 6 heures de scolarisation par semaine.

En Loire-Atlantique, 929 jeunes de 3 à 20 ans sont inscrits sur la liste d’attente de l’association adhérente. « Ils sont à ce jour soit sans solution, soit avec une solution partielle, soit avec une solution qui n’est pas adaptée à leurs besoins d’accompagnement dans leur vie quotidienne », déplore l’union.

Exhortant l’Éducation nationale à garantir à tous les élèves en situation de handicap un accès à la scolarisation, l’Unapei montre, à travers un sondage, que les citoyens sont sensibles au sujet.

En effet, « 89 % des Français déplorent le manque de ressources humaines formées pour la scolarisation des élèves en situation de handicap à l’école », avance-t-elle.

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NoémieCOLOMB

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